MEMORANDUM

SUR LA SITUATION POLITICO-SOCIALE AU LAOS

 

1975 - 1998


 

Durant six siècles, le Laos subit bien des difficultés dues aux disputes incessantes entre la Birmanie et le Siam (jaloux de sa prospérité), aux raids armés des "pirates Hô" de Chine et des "pavillons noirs" du Tonkin ainsi que de l'hégémonie religieuse et culturelle khmères.

Le pays connut un instant de répit sous le protectorat français, de 1893 à 1953, qui apporta l'unification géographique et politique par la création d'un Royaume unique placé sous l'autorité de la famille royale de Luang-Prabang, descendante du roi Fa-Ngum (1316-1398) et héritière de la dynastie du Lane Xang Hom Khao ( Million d'Eléphants et du Parasol blanc).

Après le coup de force japonais du 9 Mars 1945, placé sous le protectorat français, le Royaume du Laos promulgue sa première Constitution le 11 mai 1947, accéda à l'indépendance dans le cadre de l'Union Française le 19 Juillet 1949 et fut admise au sein de l'Organisation des Nations Unies le 14 Décembre 1955.

 

 

La neutralité lao.

 

Depuis lors, le pays, agité à l'intérieur par des rivalités politiques attisées par la flamme de la subversion étrangère, connut de graves troubles provoqués par le "Pathet-Lao" soutenu par Hanoi et le bloc communiste international.

Entraîné dans des affrontements par l'ingérence ouverte de ses voisins, transformé en un carrefour des conflits mais conscient de sa vulnérabilité et de ses impératifs géographiques, le Laos chercha sa voie de survie dans la neutralité.

Grâce aux appuis exceptionnels de Son Altesse Royale le Prince Norodom Sihanouk et du Général de Gaulle, les Accords de Genève octroyant le statut de neutralité au Royaume du Laos purent avoir lieu le 23 Juillet 1962 sous la co-présidence de la Grande-Bretagne et de l'Union Soviétique et co-signés par les USA, la France, la République Populaire de Chine, l'Inde, le Canada, la Pologne, la Thailande, le Cambodge, la Birmanie et les deux Vietnam qui, tous, lui assurèrent aides et protections.

En dépit de ses engagements solennels, Hanoi y maintint une partie de ses troupes sous l'oeil indifférent de la Commission Internationale de Contrôle composée par le Canada, l'Inde et la Pologne.

 

A l'engagement militaire américain au Sud-Vietnam, le Nord-Vietnam répondit par une accentuation de son intervention militaire au Laos, construisant la "piste Ho-Chi-Minh" qui chemine à travers le royaume du nord au sud, renforçant l'appareil politico-militaire de sa création, le "Pathet-Lao", pour en faire un instrument diplomatique et masquer ainsi son ingérence désormais ouverte et flagrante: Cette piste est devenue une véritable route ouverte au tourisme et a déplacé la frontière Est du Laos à plusieurs kilomètres vers l'Ouest en faveur du Vietnam et occupé par plusieurs dizaines de milliers de familles vietnamiennes.

Pendant plus de dix années, le Laos est entraîné malgré lui dans une aventure armée qui lui sera fatale : Eclaboussé par le tumulte des armes de ses voisins, le Gouvernement Royal du Prince Souvanna-Phouma chercha à sauvegarder les lambeaux de sa politique de neutralité en relançant le dialogue avec son demi-frère, le "Prince Rouge" Souphanouvong à la solde des communistes vietnamiens et soviétiques.

 

L'aube de la paix et de la réconciliation se leva au mois de Février 1973 lorsque, à la suite du Traité de Paris sur le Vietnam, les deux parties lao en conflit décidèrent de mettre fin à leurs querelles et à leur lutte fratricide au nom de l'Indépendance et de la Neutralité.

 

Le 5 Avril 1974, un gouvernement de coalition entre les nationalistes et les communistes, se partageant d'égales responsabilités, pu enfin voir le jour sous la présidence du Prince Souvanna-Phouma, le neutraliste.

Ce gouvernement ne dura que 13 mois : La victoire des rouges au Cambodge et au Vietnam du Sud, la prétention et la mauvaise foi des partenaires de gauche qui réclamèrent un pouvoir sans partage, rendirent toute coexistence et toute coopération impossibles

La concorde et la réconciliation nationale tant souhaitée par le peuple lao cédèrent le pas à la conquête pure et simple.

Sous la pression de plus en plus menaçante des "Pathet-Lao" et affaibli par la maladie du Prince Souvanna-Phouma, incapables d'assumer leurs tâches, les leaders de la droite quittèrent le pays, le 10 Mai 1975, entraînant dans leur fuite des centaines de milliers de lao affolés.

Dès lors, le Laos subit l'arrogance des nouveaux maîtres sortis de leur clandestinité pour assouvir leur soif de vengeance en envoyant des dizaines de milliers de fonctionnaires, de militaires et d'étudiants de l'Administration royale dans des camps dits de "rééducation" où ils subirent des représailles faites de tortures et d'humiliation tant physiques que morales.

Le vide politique créé, avec l'appui de Hanoi et la bénédiction de l'URSS (deux fois co-présidente des Conférences de Genève sur le problème lao), le "Pathet-Lao" supprime unilatéralement le Conseil Politique d'Union Nationale, le Gouvernement de Coalition ainsi que le Parlement.

 

 

Révolution à la laotienne.

 

Le 2 Décembre 1975, la monarchie est abolie et une République dite "démocratique et populaire" est proclamée sans que le peuple ait eu à se prononcer.

Cette mascarade atteint son comble lorsque, après avoir été contraint d'abdiquer sous la menace des armes, Sa Majesté le Roi Sri Savang Vatthana, rabaissé au simple rang de citoyen, fut nommée à la fonction de "Conseiller auprès du Président de la République", le camarade Souphanouvong...

Sa Majesté le Roi qui avait pris la décision de partager les souffrances de son peuple et de rester avec lui jusqu'au bout, fut arrêtée et déportée en Mars 1978 avec toute la famille royale restante. Le gouvernement actuel a reconnu le décès du Roi uniquement, sans accepter de préciser ni les raisons, ni la date, ni le lieu de sa disparition : Quoi qu'il en soit, le peuple lao n'oubliera jamais le comportement inhumain de ce gouvernement et ce régicide restera dans les annales de notre Histoire.

Le visage implacable d'un régime despotique, totalitaire et de surcroît étranger règne depuis plus de vingt années sur un peuple jadis connu pour sa gentillesse et son hospitalité et qui survit aujourd'hui paralysé par la peur de l'arbitraire, dans l'angoisse d'un lendemain incertain, dans le dénuement et la privation.

Bafouant sans vergogne les règles les plus élémentaires de la démocratie et en violant de façon la plus délibéré les droits inaliénables aux citoyens par des arrestations arbitraires, des déportations massives, des exactions de toutes sortes, les communistes lao-viets poussèrent près de 500.000 nationalistes de toutes conditions à fuir leur mère-patrie (en 1975, le Laos comptait environ 3,5 millions d'habitants).

 

Cependant, faisant entorse à leur réputation de peuple tolérant et nonchalant, spontanément et partout dans le pays, les lao se sont regroupés pour tenter de s'opposer à la conquête étrangère de leurs droits et de leur liberté, dans l'indifférence du monde libre et de leurs alliés d'hier.

 

A l'extérieur, ceux qui eurent le privilège de pouvoir s'échapper de l'enfer lao-viet se sont mobilisés au sein de diverses organisations afin de préserver leur entité nationale et sauvegarder les valeurs et les idéaux propres à leur race. Afin de mieux concrétiser leurs luttes dans un cadre historique et légitime, elles firent appel à la famille royale en exil, présidée par Son Altesse Royale le Prince Sauryavong Savang, seul fils de feue Sa Majesté Sri Savang Vatthana à avoir pu quitter à temps le Laos et à échapper ainsi aux camps de la mort.

En accord avec la communauté des lao réfugiés de par le Monde et conformément à la Constitution du 11 Mai 1947 qui stipulait "...qu'en cas d'incapacité physique ou juridique de Sa Majesté le Roi et de Son Altesse Royale le Prince Héritier, un Régent est désigné...afin d'assurer la continuité de la monarchie et d'assumer les tâches qui en découlent..." telles que d'être le chef spirituel et le représentant national de tous les lao, gardien de nos coutumes et de nos traditions, protecteur de la religion bouddhiste et de ses préceptes, et ce jusqu'à ce qu'un référendum par le peuple lao lui-même décidera ou non du retour de la monarchie au pays, Son Altesse Royale a bien voulu accepter cette lourde charge et apporter ainsi son soutien et son concours aux efforts tendant à la réunification et à la concorde nationale..

 

 

La République dite Démocratique et Populaire lao.

 

Depuis 1975, les Pathet-Lao et leurs maîtres vietnamiens n'ont fait que piller le patrimoine naturel que le gouvernement royal avait su préserver malgré l'état de guerre imposé par les rebelles communistes, et ont établi une situation politique et sociale des plus déplorables : le bilan de leurs vingt années d'usurpation se solde par la faillite totale de leur administration tyrannique; quant à la gestion économique du pays, c'est un marasme complet qui a rejeté le Laos à plus de cinquante années en arrière et le place aujourd'hui parmi les trois nations les plus pauvres du monde; de la société de collectivisation dont ils rêvaient, ils n'ont réussi qu'à provoquer un drame que les lao n'avaient encore jamais connu, un bouleversement démographique inimaginable et une déchirure familiale dont les plaies seront difficiles à cicatriser.

Malgré l'éclatement du bloc communiste international, la démocratisation de l'Europe Centrale et l'indépendance des Etats de l'ex-Union soviétique, Hanoi maintient encore au Laos une force armée d'occupation de plus de 60.000 badois et le soi-disant gouvernement de Vientiane qui a promulgué sa première Constitution le 14 Août 1991 seulement, continue à violer les principes universels des droits et refuse d'accepter les théories du pluralisme.

Aujourd'hui, s'appuyant sur les campagnes mensongères des marchands de rêves et de dépaysement que sont les agences de voyages, le gouvernement de la RDPL veut faire croire à une expansion économique afin de mieux assouvir l'avidité et les prérogatives personnelles de ses dirigeants qui parlent de démocratie alors que des dizaines de prisonniers politiques croupissent encore dans leurs geôles, ou de libres choix alors que c'est un système oligarchique protégé par Hanoi qui contrôle le pays.

Afin d'asseoir sa légitimité, il siège au Nations Unies, devient membre de la Francophonie tout en poursuivant sa lutte anticolonialiste française dans les écoles, et vient d'être admis à l'A.S.E.A.N. comme s'il était un Etat à part entière alors qu'il est totalement soumis aux dictates du Vietnam communiste et ne doit sa survie que grâce à la corruption à tous les niveaux, au trafic des armes et de l'opium.

 

 

Les lao de l'Etranger.

 

La communauté des lao exilés ne se laisse pas méprendre et reste vigilante grâce aux témoignages de certains d'entre eux qui se sont aventurés à retourner au pays et où ils furent reçus comme des "traîtres", subissant les pires humiliations et taxés à chaque coins de rues par des "autorités" surgis comme par hasard pour un "contrôle" : Leurs propres parents, afin d'éviter les obligations administratives, qui ne sont que délations, ou les soupçons de collaboration avec l'ennemi, refusent de les recevoir chez eux et se rencontrent plutôt dans les halls d'hôtels où un tarif spécial leur est réservé (généralement le double de celui d'un simple touriste).

Pour soutenir le moral de nos compatriotes et préserver notre entité nationale, différentes organisations à buts humanitaires, culturels et autres sont nées afin d'éviter l'effritement, la manipulation, la diversion ou le séparatisme dont nos ethnies sont souvent l'objet.

Répondant à l'appel de la Communauté des exilés lao, sous l'impulsion de Son Altesse Royale le Prince Sauryavong Savang, naquit "L'Assemblée des Représentants des Lao de l'Etranger" qui fut entériné par un Congrès tenu les 6 et 7 Septembre 1997 à Seattle (Etat de Washington) en présence de plus de 600 délégués représentants les cinq continents qui adoptèrent à l'unanimité une motion en 14 points (voir en annexe).

Grâce à la détermination de toute notre communauté, le Sénat américain a adopté, le 29 Juillet 1998, la résolution 240 à l'encontre du gouvernement de la République lao.( voir texte en annexe).

 

Après plus de vingt années de séparation et au vue des évolutions tant politiques que sociales et surtout économique qui bouleversent le Monde en cette veille du XXIème siècle, la diaspora lao qui compte des milliers de diplômés dans tous les domaines de la technologie moderne (médecine, engineering, bâtiments, informatiques, minéralogiques, etc...), qui se compose d'une richesse linguistique et culturelle incalculable du fait de leurs divers points de chutes, est tout à fait prête à contribuer à la reconstruction nationale du pays, à participer à son essor économique par l'exploitation de ses richesses naturelles tant forestières que minérales, en préservant la faune et la flore qui tend à disparaître dans cette péninsule du Sud-Est-Asiatique.

Mais ceci ne pourra se réaliser que si le gouvernement actuel lao accepte un dialogue franc et sincère avec les représentants des lao en exil afin de modifier ses lois anarchiques pour un changement réel, irréversible et radical correspondant aux développements du monde moderne, plus humains et plus réalistes pour que l'avenir de ce magnifique pays puisse s'épanouir pleinement dans l'Indépendance, la Paix et la Démocratie dans un Etat de Droit.

 

( ANNEXE I )

 

ASSEMBLEE DES REPRESENTANTS LAO DE L'ETRANGER

CONGRES DE SEATTLE (WASH.ST.)

 

6-7 Septembre 1997

 

RESOLUTIONS

 

 

L'Assemblée des Représentants Lao de l'Etranger, réunie en Congrès à Seattle

 

1. Demande aux autorités lao actuelles de mettre fin à toutes les exactions et arrestations arbitraires commises à l'encontre de tous ceux qui luttent contre le totalitarisme et la dictature.

2. Exige que toutes les forces vietnamiennes, armées ou non, ainsi que tous les conseillers militaires et leurs services secrets et d'espionnage, se retirent du territoire national lao, et ce sous contrôle internationale.

3. Prie instamment le Gouvernement de la R.D.P.L. d'annuler tous les accords conclus avec le Vietnam, et en particulier les accords du 17 Juillet 1977, signés à Vientiane pour 25 ans et renouvelables tous les 10 ans, qui assujettissent le Laos au Vietnam sur les plans militaire, politique, économique et culturel.

Le jour où la réconciliation nationale lao sera effective, nous conclurons de nouveaux accords avec nos voisins.

4. Exige que les prisonniers politiques et les prisonniers d'opinion, qu'ils soient de droite ou de gauche, soient libérés des camps dits de "rééducation" ou de travaux forcés, et ce sans avoir à craindre de représailles.

5. Demande instamment qu'il ne soit fait aucune distinction entre les ethnies ou les races, ni aucune différence entre les personnes de l'ancien régime" et celles du "nouveau régime", que tous les citoyens jouissent des mêmes droits et soient soumis aux mêmes obligations, mais que l'on retire les droits liés à la nationalité lao aux ressortissants vietnamiens qui l'ont acquise en vertu des accords du 17 Juillet 1977, que nous considérons comme nuls et non avenus.

6. Exige que tous les aspects des Droits inaliénables à l'Homme et au Citoyen soient respectés, sur les plans physiques comme intellectuel.

7. Constatant que certains exilés ont dû prendre la nationalité de leur pays d'accueil pour pouvoir s'y intégrer plus facilement, et que plusieurs Etats reconnaissent le Droit à la double nationalité, recommande que ces personnes puissent reprendre leur nationalité de manière automatique et inconditionnelle, et que les enfants nés à l'étranger de parents lao aient eux aussi le droit automatique à la nationalité lao.

8 Exige que les biens confisqués par l'Etat ou par certains profiteurs soient reconstitués à leurs propriétaires, et ce sans conditions ni intérêts d'aucune sorte.

9. Préconise le respect de la faune, de la flore de la nature et de l'environnement.

10. Recommande la réunification des lao établis à l'étranger et des lao vivant sur le territoire national, et ce sous l'égide de la Monarchie qui est la force fédératrice, la garantie et la gardienne de l'Unité nationale.

11 Approuve l'action menée par la Monarchie auprès des Etats amis pour obtenir l'aide qui sera nécessaire à l'essor de la Nation lorsque le peuple sera réconcilié dans un esprit démocratique.

12. Encourage le lao établis à l'étranger à réfléchir à la reconstruction nationale et à s'y préparer.

13. Confie à la Monarchie le soin d'entreprendre toute rencontre ou négociation nécessaire avec le Gouvernement lao actuel, que ce soit de façon directe, par l'intermédiaire d'Etats ou d'organismes amis, ou par le biais d'organisations non gouvernementales (O.N.G.).

14. Souligne que l'objet des négociations est de parvenir à transformer le régime totalitaire en place en un régime réellement démocratique, en s'attachant tout particulièrement à la réunification et à la réconciliation nationales.

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